Une missive pour Sire Vorhonwë

[Castel de Reims]

Hersent avait cacheté la lettre qu'elle venait d'écrire à Vorhy, elle l'informait de la tenue de la cérémonie d'octroi de fief de mérite à l'issue de laquelle la Reyne lui confierait, par l'intermédiaire de la duchesse de Champagne, une terre, elle désirait qu'il soit à ses côtés lors de ce moment si particulier de l'octroi. En même temps, elle lui demandait de ses nouvelles car les rumeurs de combats aux portes du duché de Bretagne étaient parvenues jusqu'en Champagne et à Maizières, la maisonnée s'inquiétait pour lui....surtout elle mais elle tentait de le cacher surtout aux enfants.
Elle convoqua un des courriers en qui elle avait entière confiance et lui confia le pli à remettre ainsi qu'une sacoche remplie de lotions, onguents et matériel médical de base, nécessaire lors des longues chevauchées:

Jehan! Je te confie cette missive et je veux que tu la remettes en mains propres au destinataire. Il s'appelle Vorhonwë, tu t'en souviendras? La route sera longue et sans doute semées d'embûches, rappelle-toi que tu es autorisé à casser la tête du moindre malandrin qui osera te chercher noise. Toutes les autorisations de passage ont été acceptées, tu peux voyager tranquille. Prends garde à ne pas épuiser ta monture et accorde-toi des temps de repos réguliers. Je t'ai mis une trousse de premiers secours pour soigner le moindre petit bobo.

Le jeune courrier prit la missive qu'il cacha contre sa poitrine, sauta en selle après avoir attaché la sacoche de premiers secours puis partit au galop vers Moulins, vers la Citadelle où IL résidait souvent avec ses frères et soeurs d'armes. Elle courut sur les remparts pour le regarder jusqu'à ce qu'il disparaisse dans le lointain. L'attente serait longue mais elle saurait être patiente, de toute manière elle n'avait pas le choix.

[Quelques jours plus tard/ Moulins, la Citadelle]

Jehan avait galopé sans relâche, hormis les pauses nécessaires pour se reposer lui et sa monture. Il avait rencontré des paysages inhabituels, des gens étranges et quelques malandrins qu'il réussit à mater. La trousse de secours avait servi pour le cheval surtout...tssss, le GEC était incorrigible à s'inquiéter pour tous et jamais pour elle.

Il arriva à Moulins où on lui indiqua le chemin montant à la fameuse Citadelle! Didiouuuuu, en effet elle était impressionnante d'austérité, pas comme le castel de Reims tout en rondeurs et finesse architecturale. Il arrêta sa monture devant l'immense et lourde herse, tremblant un peu devant cette sorte de gueule peu engageante...diantre les Gardiens devaient être des gens féroces pour vivre là-dedans...tatatata comment le GEC avait pu...enfin...s'amoura.... bref, un des occupants du lieu devait avoir de sacrés arguments pour le coup. Enfin, ce n'était pas ses affaires mais comme il aimait bien le GEC, il s'intéressait un peu à ses états d'âme. Il toussota un peu pour éclaircir sa voix avant de héler une sentinelle:

Holààààà!!! Y a quelqu'un??? J'suis Jehan, courrier des Loups de Champagne. Je viens de Champagne, j'ai une missive à remettre à un certain euh...pffff le destinataire avait un nom impossible à retenir pourtant le GEC le lui avait fait répéter plusieurs fois et voilà-t-il pas que le nom lui échappait au moment crucial, il se gratta la tête, se concentra euh... Sire Vorvone ou quelque chose d'approchant Y a quelqu'un qui s'appelle comme ça ici? C'est urgent, c'est Dame Hersent, le GEC de l'Ost champenois qui m'envoie. J'dois donner la lettre en main propre au sire en question!

Vorhonwë était dans la basse cour, la neige balayait encore le sol mais les entraînements allaient devoir reprendre. A force de porter les cibles et les pantins, les épées de bois, les hanches et les lances il eut vite chaud malgré cette température bien basse. Il s'était délesté de sa cape fourrée pour ne garder que son gilet sur sa chemise, pantalon, bottes. Il prit l'un de ses couteaux de lancé, le soupesa un instant avant de le lancer dans l'une des cibles mise en place, saisit un second lorsque le messager fit son apparition aux portes de la citadelle. Il se tourna vers lui l'examinant un instant jouant négligemment de sa dague dans sa main droite puis avança vers lui.

Je suis Sire Vorhonwë et c'est à moi que s'adresse ce message.

Il rangea le couteau dans son dos, a la ceinture et avança pour prendre le message des mains du messager. Il prit le parchemin qui lui était destiné avec un signe de tête pour le messager.

Merci bien, passer le pont levis de la haute cour et prenez a gauche, c'est la gargotte. Mangez et buvez, dormez pres du feu si vous le souhaitez avant de reprendre la route.

Il lui tapa amicalement sur l'épaule avant d'ouvrir la missive et de s'en retourner vers le terrain d'entrainement, écrasant la neige de ses bottes.

Pendant que la sentinelle allait chercher le destinataire, Jehan se tordit le cou pour apercevoir ce qu'il pouvait bien se passer dans la basse-cour. Il y avait un homme, une sorte de géant, qui s'activait autour du matériel d'entraînement. Il savait que c'était ça parce qu'à la caserne de Reims, les Loups avaient les mêmes. Il le vit lancer un couteau de manière précise, fichtre, valait mieux pas se trouver dans sa ligne de mire à celui-là. Misère, le voilà qui le regarde en jouant avec un deuxième couteau...Jehan se tassa subrepticement sur sa monture d'autant que le bonhomme se dirigeait vers lui et lui parlait:

Je suis Sire Vorhonwë et c'est à moi que s'adresse ce message.

Hein??? C'était lui le Vorvonoué quelque chose?? Ah, voilà le nom qu'il cherchait depuis tout à l'heure, Vorhonwë. Il l'observa ranger son couteau dans son dos tandis qu'il approchait vers lui. Mazette, le morceau! Même l'ancien CR faisait petit à côté.

Ah...c'est donc vous Hésite puis parvient à lâcher Vorhonwë. Il descendit de sa monture, et constata immédiatement l'impressionnante stature. Ouvre sa veste fourrée et en sort la missive cachetée aux armes des Loups puis la tend à l'homme. Mouais. Il se demandait bien ce qu'avait pu lui écrire le GEC, il jeta un oeil sur les alentours de la Citadelle et frissonna Tssss, vu le sens de l'humour du GEC et ses idées tordues c'est qu'elle serait capable de demander s'il était possible d'envoyer un groupe de Loups s'entraîner ici. Il pria pour que ce ne soit pas ça, pas que Moulins semblait être désagréable comme ville mais bon, lui préférait les rues de Reims avec ses auberges et ses tripots où les filles étaient faciles. Il reprit contenance quand l'homme lui dit tout en lui tapant gentiment sur l'épaule:

Merci bien, passer le pont levis de la haute cour et prenez a gauche, c'est la gargotte. Mangez et buvez, dormez pres du feu si vous le souhaitez avant de reprendre la route

Merci, Sire ... il évita de prononcer son nom impossible à dire...C'est bien aimable de vot' part. Le GEC m'a demandé de repartir avec vot' réponse. Il passa une main sur son visage pour tenter d'effacer la fatigue qui lui pesait. Vous avez dit à gauche après le pont-levis, c'est ça? Il huma l'air, une bonne odeur de soupe titillait son odorat d'affamé et d'homme recru de fatigue. J'vous r'mercie pour vot' hospitalité. Y aura-t-il moyen d'avoir un baquet bien chaud, c'est que le GEC nous bassine à la caserne avec l'hygiène et déjà qu'j'ai loupé durant l'voyage du barbotage, pas envie qu'elle m'engueule parce que j'me suis présenté malodorant et sale devant des hôtes.

Il le regarda s'éloigner pour lire, tranquillement sans doute, la missive puis se dirigea, menant son cheval par la bride, vers les cuisines...il trouverait bien les écuries en cours de route. Il chemina, tout en flattant l'encolure de sa monture pour le remercier de l'avoir mené à bon port.